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Secteur Bancaire : une croissance en trompe-l’œil ?

Les indicateurs du secteur bancaire gabonais pour 2024, tels que révélés par la Banque africaine de développement (BAD), pourraient laisser penser à une dynamique positive. Une légère hausse des crédits, un ratio de transformation en amélioration et surtout un bond spectaculaire des placements bancaires dessinent le portrait d’un secteur actif. Mais derrière cette façade de croissance se cachent des fragilités grandissantes, notamment une érosion des dépôts et une augmentation inquiétante des créances douteuses, qui posent la question de la soutenabilité de ce modèle.

Une dynamique de surface encourageante

Selon le rapport de la BAD, les crédits à l’économie ont progressé de 1 % en 2024. Combinée à une baisse des dépôts, cette tendance a mathématiquement amélioré le ratio de transformation crédits/dépôts, qui est passé de 64,2 % à 66,1 %.

Un résultat qui demontre que les banques transforment une part plus importante des ressources de leurs clients en prêts pour l’économie.

Le signal le plus spectaculaire vient des placements bancaires, qui ont explosé de 23,8 % en un an pour atteindre 1 325,1 milliards de FCFA. Ce chiffre témoigne d’une volonté des institutions financières de faire travailler leurs liquidités, signe d’une stratégie d’investissement offensive.

Les fissures qui menacent l’édifice

Cette performance est à nuancer par des signaux d’alarme bien réels. Le premier est la baisse des dépôts bancaires de 1,3 %. Dans un contexte où les banques prêtent davantage, cette érosion de leur principale ressource est un premier signe de tension.

Le point le plus préoccupant est la dégradation de la qualité des actifs. Le rapport de la BAD met en évidence une augmentation des « créances douteuses », des prêts dont le remboursement est incertain.

Ce phénomène vient directement ronger les bilans des banques, diminuer leur rentabilité et fragiliser leur solidité financière. Une croissance du crédit financée par une prise de risque excessive n’est jamais un gage de bonne santé à long terme.

Un paradoxe source d’inquiétude

Comment le secteur bancaire national peut-il afficher une telle dynamique de crédit et de placement alors que sa base de dépôts se contracte et que la qualité de son portefeuille de prêts se détériore ?

Pour maintenir leurs revenus dans un environnement concurrentiel dominé par trois géants à savoir BGFI, AFG Bank et UGB, les banques pourraient être tentées d’assouplir leurs conditions d’octroi de crédit pour capter de nouveaux clients, au risque d’attirer des emprunteurs moins solvables.

La croissance affichée serait alors moins le fruit d’une économie florissante que celui d’une prise de risque accrue.La croissance de 2024 pourrait bien être un trompe-l’œil qui masque des fragilités sur lesquelles devrait se pencher les régulateurs.

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